Tout d’abord, je commence par me présenter car, comme beaucoup d’auteurs, je n’ai pas fait qu’écrire, surtout pour faire bouillir la marmite…
L’enfance, la Normandie

Comme beaucoup d’auteurs, j’ai écrit toute ma vie. Née en Normandie d’un père instituteur et d’une mère qu’on disait « au foyer », je suis la plus jeune de trois enfants. Les deux premiers étant nés juste après la seconde guerre mondiale, j’arrive dix ans après. Autant dire que lorsqu’on s’ennuie, la bibliothèque des parents est d’un grand secours. Ma mère lisait beaucoup. Mon père écrivait sur son temps libre, un livre témoignage de leur guerre. En 1972, « la bataille du Calvados ». obtient le prix des écrivains normands. Et pour finir mon grand-père maternel écrivait des poèmes, sa femme était britannique. Il se passionna dans la traduction de Kipling …
Ecrire c’est comme respirer
Alors écrire représentait une certaine normalité dans ma tête d’enfant. Pré ado je commence par des plagiats de livres d’Enid Blyton. A l’adolescence je me lance dans la poésie. Poèmes plus sinistres les uns que les autres que j’ai brûlés… L’ennui enrichit l’imaginaire c’est bien connu. Young adult je migre du nord au sud. Après un long voyage au Mexique, j’atterris dans les Corbières. Je m’essaye à la musique. Je crée des chansons, puis avec des amies féministes nous créons des sketchs. Intégrée dans des petits groupes aux noms aussi biscornus que le « collectif Oïde », le « groupe sans gain », nous tournons dans la région. Dans ces Corbières, nous créons du théâtre dans un savant mélange d’autochtones et de néoruraux, adeptes du « si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère… » Nous adaptons un livre sur Guillaume Bélibaste, (dernier parfait cathare brûlé à Villerouge-Termenès) et développons un festival médiéval. Nous en faisons un spectacle vivant pendant plusieurs étés, avec un certain succès de fréquentation. Enrichie de ces expériences, je suis passée de l’amateur, au semi-professionnel et au professionnel, j’ai 30 ans !
De l’Aude à L’Hérault
Je m’installe dans l’Hérault où je me marie. J’anime alors un atelier de théâtre pour enfants. L’ auteur local Guy Cabrol, de Bassan, écrit pour les adultes. Moi j’écris mes spectacles en fonction de la personnalité de chaque enfant. Je remplace un metteur en scène et je continue à écrire pour le théâtre. Pour faire bouillir la marmite je travaille dans une association où j’apprends le français aux étrangers (mais aussi à beaucoup de personnes en détresse sociale). Tout tourne toujours autour de la lecture et de l’écriture, cependant à force de se consacrer aux bases de la langue il manque la possibilité de se ressourcer.
Après le théâtre, l’écriture
De temps en temps j’écris une nouvelle, jusqu’à me rendre compte qu’avec les années qui passent elles constituent un bon paquet qui s’ennuie dans un carton.C’est en les relisant que l’envie de publier émerge. A 60 ans arrive enfin un peu plus de liberté de mouvement. L’idée de voyager et de baisser un peu les activités sociales pour profiter pleinement de la vie fait son chemin, (exacerbée un peu plus par le confinement). La publication d’un recueil de nouvelles me donne des ailes. Les émotions de mes voyages sont trop fortes. J’écris dans la foulée deux romans, l’un se situe en France dans les Hautes Pyrénées, ce sera Catharsis 49, et l’autre au Costa Rica « Pura vida: le combat du colibri »
Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie !
Où conduit l’écriture ? Personne ne le sait vraiment, est-elle juste une forme de thérapie comme une autre? une tentative de communiquer avec les autres ?
Je rencontre maintenant plein d’auteurs locaux. La blague constante est de constater qu’il y a de plus en plus d’auteurs et de moins en moins de lecteurs.
Moi, je pense que c’est bien de désacraliser un art, quel qu’il soit. Un sport, comme le tennis ou l’équitation, a réussi à se démocratiser, pourquoi pas l’écriture. Nous n’écrirons pas tous des chefs d’oeuvre, et chez les amateurs de peinture tout le monde ne sera pas Dali ou Picasso, mais nous nous serons exprimés.
Je souhaite à chacun d’aller au bout de sa passion. Je me souhaite de continuer à rencontrer de belles personnes. A chaque salon, c’est un échange chaleureux avec des lecteurs, parfois des personnes qui aimeraient écrire et n’osent pas.
J’ai 68 ans aujourd’hui et aujourd’hui j’ose !